L’essor de l’agriculture biologique
À la même époque, de nombreuses conversions en bio ont lieu chez les agriculteurs locaux. Face au modèle productiviste dominant, tous les acteurs du système alimentaire s’organisent pour structurer la filière bio : agriculteurs, coopératives, chambre d’agriculture, Conseil général, centres de formation…
Ce modèle collaboratif permet de surmonter des freins techniques et sociaux, tout en diffusant largement les savoirs agroécologiques. La vallée de la Drôme devient un territoire pionnier de l’agriculture biologique.
Le nettoyage de la rivière Drôme
En Mai 1987, les collectivités publiques décident d’engager la réhabilitation de la rivière Drôme.
C’est dans l’ancien cinéma de Saillans qu’a lieu la première réunion associant les collectivités de la vallée, pour lancer l’action qui sera conduite pendant 20 ans et permettra la restauration intégrale de la rivière .
Confrontées au fantastique défi d’une rivière de plus de 100 km à réhabiliter, pour la faire passer en 20 ans de dépotoir à plus belle rivière sauvage d’Europe, elles ont promu entre 1987 et 2006 des démarches globales et collectives, associant de nombreux acteurs, jusqu’à écrire collectivement le règlement d’usage et de protection d’une rivière.
Deux contrats de rivières successifs sont signés, marquant sur près de vingt ans des dizaines de réalisations, dont toutes les statIons d’épuration de la vallée, la remise en état du lit et des berges, la création d’une équipe d’entretien des rivières , des acquisitions foncières , des actions pédagogiques avec les écoles et la réalisation de la maison de la réserve naturelle des ramières du val de Drôme. En 1992, la Drôme devient territoire expérimental pour la nouvelle loi sur l’eau, et élabore le premier schéma d’aménagement et de gestion des eaux de France, alors que la loi sur l’eau est encore en écriture.
Au fil du temps, par une action incessante, la rivière qui était interdite à la baignade sur 95% de son cours et subissait de nombreuses décharges sauvages ou municipales ainsi que de nombreux rejets d’effluents industriels ou de gravats devient une rivière propre, baignable, libre de tout obstacle sur la quasi totalité de son cours, reconnue par une réserve naturelle nationale dans sa partie aval. En 2005, le « riverprize international », seul prix mondial pour la gestion des rivières sur le long terme, récompense la Drôme.
GPRA et naissance du nom Biovallée
En 2005, la région se dote d’une politique nouvelle de développement durable et crée les Grands Projets Rhône-Alpes (GPRA), visant à accompagner des territoires souhaitant engager des politiques très volontaristes en matière de développement durable.
En 2008, les collectivités de la vallée de la Drôme se portent candidates. Le nom Biovallée est choisi pour porter leur candidature.
De 2009 à 2015, le programme Biovallée se déploie. Dix millions d’euros de la région sont attribués à 182 projets.
Territoire d’innovation Biovallée
Depuis 2019, Biovallée fait partie des 24 territoires français labellisés "Territoires d’Innovation", un programme lancé par l’État et opéré par la Caisse des Dépôts et Consignations qui vise à soutenir des projets d’innovation territoriale autour de la transition numérique, l’énergie durable, la mobilité décarbonée, la transformation du secteur agricole, la transformation du système de santé, l’adaptation des compétences.
En Biovallée, le projet explore les pistes de transformation possibles pour inventer un modèle rural pérenne, capable de s’adapter aux évolutions du climat, des usages, aux équilibres agroécologiques et aux enjeux de développement technologique. La résilience et l’adaptation au changement climatique et économique en faveur de la qualité de vie des populations sont au cœur de ce projet.
Entre 2021 et 2027, plus de 40 opérateurs (entreprises, laboratoires de recherche, associations et collectivités) développent un vaste et ambitieux projet pour accélérer les transformations de la vallée, avec le soutien de 29 partenaires locaux et nationaux.
La Caisse des dépôts et consignations soutient ce projet à hauteur de 5,7 millions d’euros de subventions précisément allouées et 12,8 millions d’euros d’investissements potentiels pour des entreprises locales.
Biovallée, la vallée du vivant
Biovallée explore désormais les possibles recompositions de notre rapport individuel et collectif au vivant. Loin d’être seulement une idée, la vallée du vivant se traduit petit à petit dans une nouvelle manière d’habiter le territoire et de penser les transformations territoriales.
Demain, le bassin de la rivière Drôme sera certainement doté d’un outil de simulation dynamique. Des chercheurs évalueront la santé commune et le capital naturel de la vallée afin d’outiller la gouvernance de la transition écologique. Des acteurs du territoire proposeront de mettre la régénération écologique au cœur du projet. De nombreuses pistes sont encore à explorer et concrétiser, avec et pour les acteurs locaux, qu’ils soient humains ou autres qu’humains.