Biovallée Logo

une brève histoire de Biovallée

Dans la vallée de la Drôme, depuis des siècles, se cultivent et se transmettent des valeurs d’entraide, de solidarité et de résistance qui ont largement contribué à faire de Biovallée un territoire pionnier en matière de transition écologique et sociale.

Dans les années 70, des familles de néoruraux ont ainsi pu s’installer et mettre leur esprit entrepreneurial au profit des savoirs ancestraux des agriculteurs locaux. De cette coopération est d’abord née la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales, devenue aujourd’hui emblématique du territoire. L’agriculture biologique prend alors son essor : le nombre d’agriculteurs aspirant à des pratiques plus respectueuses du vivant se multiplie, et beaucoup s’organisent en coopérative pour relever le pari de modes de culture sans pesticides ni engrais chimiques.

En parallèle, c’est autour de la rivière que s’exprime cette culture de la coopération et, plus globalement, du soin au vivant. Alors décharge à ciel ouvert, un élan territorial regroupant élus, habitants et entreprises nettoie la rivière en 20 ans. Le tourisme fleurit, et les loutres ainsi que les castors reprennent progressivement possession de leur habitat.

En 2005, dans la lignée de cette dynamique territoriale, les collectivités de la vallée se regroupent derrière le nom Biovallée pour candidater à un grand plan d’investissement régional pour le développement durable (GPRA), dont elles sont lauréates. Dix millions d’euros de la région sont attribués à 182 projets, et une association est créée en 2012 pour faire perdurer la dynamique après la durée du projet : l’association Biovallée. En 2019, de nouveaux fonds exceptionnels sont alloués au territoire dans le cadre du projet Territoire d’innovation Biovallée.

Aujourd’hui, les efforts collectifs se poursuivent et de nouvelles thématiques émergent : la régénération écologique et notre rapport culturel au vivant.

L'histoire du territoire

Une tradition d’accueil propice aux transformations écologiques

Depuis l’Antiquité, la vallée de la Drôme cultive sa tradition d’accueil. Les Voconces, peuple gaulois, y ont prospéré, suivis au fil des siècles par de nombreuses communautés en quête de refuge ou de nouvelles opportunités. Les protestants, chassés de France après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, y ont trouvé un havre, tandis que, plus récemment, des néoruraux venus des grandes villes ont contribué à la redynamisation du territoire alors que l’exode vers les grandes villes battait son plein.

 


La saga des PPAM

Dans les années 1970, parmi les néoruraux venus s’installer dans la vallée, des familles d’origine hollandaise et suisse s’intéressent aux plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM). À la recherche d’une activité agricole viable et en cohérence avec leurs valeurs, elles trouvent dans le Diois un climat idéal pour cultiver des plantes comme la lavande, le thym et la mélisse.

Ces nouveaux habitants ne viennent pas seuls : ils apportent avec eux une culture entrepreneuriale et des réseaux de commercialisation à l’international. Associés aux savoir-faire des agriculteurs locaux, ils permettent le développement d’une filière PPAM biologique, aujourd’hui incontournable.

Très vite, des entreprises emblématiques émergent, telles que Sanoflore et l’Herbier du Diois. La filière PPAM bio génère aujourd’hui plusieurs centaines d’emplois et continue de se développer dans la vallée.

 

Des familles et des ppam

 

Rodolphe Balz, d’origine suisse, sociologue, géographe et psychanalyste, professeur, s’installe au début des années 80 dans la vallée de la Gervanne et crée une distillerie de lavande, qui deviendra ensuite Sanoflore (plus de 100 salariés). L’entreprise conçoit et fabrique des huiles essentielles et des préparations cosmétiques bio. R. Balz est aussi un des fondateurs du label Cosmebio, qui garantit la qualité de la cosmétique bio avec un niveau d’exigence élevé. Il dirige aujourd’hui le laboratoire IRIS, qui formule, depuis le nid d’aigle du col de Véraut, entre Gervanne et Quint, des préparations pour le monde entier.

Les familles Wartena et Vink sont hollandaises ; elles s’installent ensemble dans une ferme de la vallée de Quint en 1979 et créent la première exploitation agricole de plantes aromatiques bio du Diois. Bientôt, elles ne peuvent plus produire suffisamment pour répondre à la demande et développent une activité de grossiste.

Aujourd’hui, l’Herbier du Diois, dirigé par Tiljbert Vink, le fils, compte 54 salariés et dessert 72 % du marché européen de la plante aromatique et médicinale bio, tandis que Terre de Liens, l’association créée en 2003 par Sjoerd Wartena pour permettre aux jeunes n’ayant pas de terres de démarrer en agriculture bio, compte 360 fermiers, 3 000 hectares et 12 000 actionnaires citoyens dans toute la France.

L’essor de l’agriculture biologique

À la même époque, de nombreuses conversions en bio ont lieu chez les agriculteurs locaux. Face au modèle productiviste dominant, tous les acteurs du système alimentaire s’organisent pour structurer la filière bio : agriculteurs, coopératives, chambre d’agriculture, Conseil général, centres de formation…

Ce modèle collaboratif permet de surmonter des freins techniques et sociaux, tout en diffusant largement les savoirs agroécologiques. La vallée de la Drôme devient un territoire pionnier de l’agriculture biologique.

 


Le nettoyage de la rivière Drôme

En Mai 1987, les collectivités publiques décident d’engager la réhabilitation de la rivière Drôme.

C’est dans l’ancien  cinéma de Saillans qu’a lieu la première réunion associant les collectivités de la vallée, pour lancer l’action qui sera conduite pendant 20 ans et permettra la restauration intégrale de la rivière .

Confrontées au fantastique défi d’une rivière de plus de 100 km à réhabiliter, pour la faire passer en 20 ans de dépotoir à plus belle rivière sauvage d’Europe, elles ont promu entre 1987 et 2006 des démarches globales et collectives, associant de nombreux acteurs, jusqu’à écrire collectivement le règlement d’usage et de protection d’une rivière.

Deux contrats de rivières successifs sont signés, marquant sur près de vingt ans des dizaines de  réalisations, dont toutes les statIons d’épuration de la vallée, la remise en état du lit et des berges, la création d’une équipe d’entretien des rivières , des acquisitions foncières , des actions pédagogiques avec les écoles et la réalisation de la maison de la réserve naturelle des ramières du val de Drôme.  En 1992, la Drôme devient territoire expérimental pour la nouvelle loi sur l’eau, et élabore le premier schéma d’aménagement et de gestion des eaux de France,  alors que la loi sur l’eau est encore en écriture.

Au fil du temps, par une action incessante, la rivière qui était interdite à la baignade sur 95% de son cours et subissait de nombreuses décharges sauvages ou municipales ainsi que de nombreux rejets d’effluents industriels ou de  gravats devient une rivière propre, baignable, libre de tout obstacle sur la quasi totalité de son cours, reconnue par une réserve naturelle nationale dans sa partie aval. En 2005, le « riverprize international », seul prix mondial pour la gestion des rivières sur le long terme, récompense la Drôme.

 


GPRA et naissance du nom Biovallée

En 2005, la région se dote d’une politique nouvelle de développement durable et crée les Grands Projets Rhône-Alpes (GPRA), visant à accompagner des territoires souhaitant engager des politiques très volontaristes en matière de développement durable.

En 2008, les collectivités de la vallée de la Drôme se portent candidates. Le nom Biovallée est choisi pour porter leur candidature.

De 2009 à 2015, le programme Biovallée se déploie. Dix millions d’euros de la région sont attribués à 182 projets.

 


Territoire d’innovation Biovallée

Depuis 2019, Biovallée fait partie des 24 territoires français labellisés "Territoires d’Innovation", un programme lancé par l’État et opéré par la Caisse des Dépôts et Consignations qui vise à soutenir des projets d’innovation territoriale autour de la transition numérique, l’énergie durable, la mobilité décarbonée, la transformation du secteur agricole, la transformation du système de santé, l’adaptation des compétences.

En Biovallée, le projet explore les pistes de transformation possibles pour inventer un modèle rural pérenne, capable de s’adapter aux évolutions du climat, des usages, aux équilibres agroécologiques et aux enjeux de développement technologique. La résilience et l’adaptation au changement climatique et économique en faveur de la qualité de vie des populations sont au cœur de ce projet.

Entre 2021 et 2027, plus de 40 opérateurs (entreprises, laboratoires de recherche, associations et collectivités) développent un vaste et ambitieux projet pour accélérer les transformations de la vallée, avec le soutien de 29 partenaires locaux et nationaux

La Caisse des dépôts et consignations soutient ce projet à hauteur de 5,7 millions d’euros de subventions précisément allouées et 12,8 millions d’euros d’investissements potentiels pour des entreprises locales.

 


Biovallée, la vallée du vivant

Biovallée explore désormais les possibles recompositions de notre rapport individuel et collectif au vivant. Loin d’être seulement une idée, la vallée du vivant se traduit petit à petit dans une nouvelle manière d’habiter le territoire et de penser les transformations territoriales.

Demain, le bassin de la rivière Drôme sera certainement doté d’un outil de simulation dynamique[21]. Des chercheurs évalueront la santé commune[22] et le capital naturel[23] de la vallée afin d’outiller la gouvernance de la transition écologique. Des acteurs du territoire proposeront de mettre la régénération écologique au cœur du projet. De nombreuses pistes sont encore à explorer et concrétiser, avec et pour les acteurs locaux, qu’ils soient humains ou autres qu’humains.